Avec ou sans Sundin, Canadien serait bon dernier

Après une telle absence de ma part sur la référence en sport dans le domaine du sportif bien payé puisque certifié professionnel, que dire pour m’introduire, maintenant, je me le demande. Sans trop chercher à vous expliquer, je vous mentirai tout simplement en vous déclarant que je soignais une vilaine blessure. Pendant ce repos forcé, j’ai réfléchi et, je vous jure, j’ai produit une tonne de notes issues de cesdites réflexions. Des pages de notes à demi remplies dans lesquelles je pigerai en cas de manque soudain d’inspiration. Pour vous faire rire et ainsi revenir en force, j’ajouterai pour les fins lecteurs à l’oreille fine qu’avec ces notes écrites à l’encre bleue sur fond blanc avec une petite ligne rouge sur le côté, qui se nomme marge, je n’ai malheureusement rien composé musicalement parlant puisque j’étais absent. C’est maintenant clair. Commençons.

Bref, car souvent je le suis et toujours vous le subissez, après m’être imprégné des dernières et nombreuses nouvelles de la splendide salle de rédaction, Canadien me surprend déjà. De retour en ville comme les bonnes gens le disent généralement si bien après une période indéfinie où ledit absent revient, je vous surprends à rêver non pas à une place en série, mais bien à une victoire en finale. Franchement, j’ai même entendu dire, et c’est pour dire, qu’aujourd’hui chez Canadien, on parlait même de talents. Du petit talent encore trop jeune selon le Baron, mais du gros potentiel selon Paquette et ses savants experts. Et ça, mes amis, c’est de bonnes nouvelles que je laminerai peut-être prochainement avant qu’il ne soit trop tard. Au moment d’écrire cette ligne qui défile maintenant sous vos yeux plutôt charmants, j’aurais tendance à dire que la majorité, définitivement, ça les réjouit aussi.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, je vous entendais sur mon divan de soirée. Il fallait au plus vite s’armer d’un dur. Ça nous prenait un gros avant les échanges parce qu’ensuite les règlements l’interdisent et vous le saviez. Un gars avec de gros bras et un grand cœur qui protégerait notre graine de champion tricolore. Selon un autre gars à la radio qui, il faut le préciser, aimait l’émission et qui, de plus, avait une voix très crédible, il suffisait de munir Canadien d’un centre de premier plan. Un marqueur qui compte des buts dans le haut et parfois le bas du filet, un jeune beau et expérimenté qui aurait en bonus de gros bras fort doux. Le grand frère de tout et chacun ; le protecteur et l’ami de tous ; le vrai gagnant qui a du coeur. Le gars qui t’amène loin. Vous pouviez être pour ou contre l’idée du gars à la voix crédible, cependant admettez que ce n’était pas fou. Dans ma Saturne blanche, en secret, je lui donnais un B+ en sifflotant les cheveux au vent. Mais à ce moment-là, Robert a dit quelque chose du genre à Guy : « soit patient ». Nous n’étions pas là, mais nous aurions pu vous en parler pendant des heures. Robert a alors passé son tour. Pas d’échanges. Raison ? Manque de centres de premier plan. Manque de marqueurs qui comptent des buts dans le haut et parfois le bas du filet. Manque de jeunes beaux et expérimentés qui auraient en bonus de gros bras fort doux. Crosby ? Pas assez doux sans doute et à l’époque, le contrat de Ryder s’achevait de même que sa valeur marchande donc impossible de transiger. Cependant, félicitez-vous, car vous n’aviez pas tout faux : l’année dernière, Canadien a perdu. Or, cette fois-ci contrairement aux autres années, ce n’était pas parce qu’il n’était pas bon et ennuyant.

Voilà que les choses ont bien changé. Tous vous le diront, et, vous connaissez tous, il se trompe rarement. Car, vous le savez, dans le « tous » qui nous unit, il y en a toujours un qui, généralement parce que meilleur, l’a affirmé ou qui, confiant, a parié sa plus belle chemise. Pendant que vous vous remettez de cette sage parole, je prendrais mes notes à la page 21 pour vous en écrire un passage. Je vous en lirais bien un, mais avec le prix du gaz, qui, l’aviez-vous remarqué, a passé la barre du un dollar pendant mon absence, j’évite de plus en plus les lectures éloignées. Le 3 août 2007, j’écrivais à moi-même : « Canadien, c’est un beau gros noyau de jeunes joueurs et Patrice Brisebois. J’aurais tendance à le voir premier cette année, mais, si je me fie aux experts qui ne sont pas experts pour rien, je serais dans un champ brumeux. Donc, pour être moi aussi expert en la matière, j’additionne les pour et je soustrais les contre et voilà Canadien serait bon dernier cette année. » Pourquoi retourner à la page 21 plutôt que la 23 qui sera un jour célèbre, me demanderez-vous ? Car, mes amis, premièrement elle est belle et pour comprendre le présent, mieux vaut se fier au passé. Chose que souvent trop oublient. Ne vous inquiétez pas, selon une étude sérieuse, vous n’êtes heureusement pas dans le trop en question. Vous voilà rassuré, poursuivons.

Néanmoins, très cher expert, c’est terminé l’émotion à soixante cennes et l’amateurisme à trois piastres, retrouvez vos esprits et votre professionnalisme si légendaire. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour eux. Non, cette année, je ne copierai-collerai pas vos dangereuses prédictions, car, trop vite, vous vous emballez le crayon, la cravate ou le micro. Calmez-vous ! Respirez. Canadien, numéro un ! Canadien, numéro deux ! Canadien, déjà champion ! Préparez vos chaises, la parade, c’est pour le centenaire ! Canadien, chapeau ! « Two thumbs up », Ebert & Roeper. Or, rappelez-vous ce qui a fait le succès de Canadien l’année dernière. Non, ce n’est pas le nombre de K par mètre cube dans le vestiaire. Ne pleurez pas, je ne vous en veux pas si c’est ça que vous pensiez, car, que voulez-vous, nous avons chacun nos forces. Pourquoi Canadien a-t-il terminé premier alors ? C’est justement parce que vous le voyiez dernier. Oui, grâce à vous experts, votre équipe a terminé première. Personne n’espérait, les adversaires se croyaient et Canadien gagnait. Tout allait bien. Une victoire n’attendait pas l’autre. Surpris, tout le monde dansait. C’était beau et touchant, je m’en souviens.

Pourquoi Canadien a-t-il perdu en deuxième ronde ? Le problème, c’est que vous y croyiez à cette époque. Canadien en 5 par ci, en 6 par là. « Ce sera difficile pour les Flyers », « La série sera courte », titriez-vous. Cependant, de mémoire et sans consulter mes notes, je crois me rappeler sans l’ombre d’un doute que, humilié, Canadien a perdu avant la fin. Vous commencez à comprendre le subtil et magnifique lien avec la page 21 de mon calepin à trous, n’est-ce pas ? Pourquoi changer une recette gagnante, puis-je vous le demander à vous qui comprenez ? Pour ceux qui viennent de se joindre à nous en faisant une recherche sur les mots « recettes faciles et rapides » nous poursuivrons sans élaborer, que vous continuiez votre lecture ou non. Avant de changer de paragraphe et enfin conclure, j’oubliais un détail important et pour vous et pour notre réputation, j’espère que vous n’attendiez pas ce détail, expirez !

En conclusion, avec ou sans Mats Sundin, Canadien serait dernier et, par le fait même et si vous me suivez toujours, il ne ferait même pas les séries, le pauvre. Ça vous choque peut-être, mais il faut savoir se dire les vraies affaires. Pourquoi mettre la barre trop haute dès le départ ? C’est simple. Commençons et visons petit.

Canadien, dernier. Vous verrez. Vous ne serez pas déçu. Pensez-y.