Suspendons Latendresse

« Cent ans, c’est long » chantait Charlebois. Depuis 1909, des numéros, il s’en est cousus sur les chandails tricolores en Ste-flanelle des Glorieux. Depuis le 7 de Howie jusqu’au 23 de Robert, les couturières auront eu la tâche d’en découdre 13 pour ensuite les transférer sur une banderole par une méthode qui m’échappe.

Le 33 de Roy suivra et ce n’est pas tout ; Certains collègues des ondes auditives nous harcèlent sans cesse au sujet de Butch Bouchard et de son chandail numéro 3 non remisé au plafond du Centre Bell.

La question : Est–ce qu’en déshabillant ainsi Canadien, ne donne t’on pas l’impression d’avoir une équipe de tout nu ? Canadien se boulimise du passé et s’anorexique du présent. Les cendres des fantômes n’offrent pas les performances d’antan.

Personnellement, je ne crois pas aux retraits des numéros. Est-ce que Chanel a retire son fameux no.5, si important à son succès ? Est-ce que Pepsi Co. peut se permettre d’enlever le 7 sur sa bouteille verte ? Labatt 50, Audi A4 et les 3 mousquetaires n’ont pas changé de numéros en pleine gloire. Ils ont modifié le liquide, la couleur ou les acteurs mais pas l’étiquette.

Latendresse suspendu

Les couturières pensent, au contraire, que Canadien doit être pro-actif et suspendre immédiatement des chandails de jouteurs prometteurs, question de donner des héros instantanés à notre génération en manque de héros story. Ses couturières, seules responsables de la sélection des immortels retraités auraient déjà choisi le 84 de Guillaume Latendresse. Elles croient qu’il possède le charisme du Rocket, la gueule de star du Démon Blond et la carrure du Sénateur et du Big Bird. L’honneur ainsi acquis lui permettra un surplus de confiance et un bonheur bien senti. Une jalousie s’installera dans le vestiaire et incitera d’autres jouteurs à cruiser les couturières sacrées.

Comme le dirait Yves Corbeil, pour gagner, faut nécessairement choisir les bons numéros et l’extra.