Pour que jamais Badaboum ne renaisse

On vous nomme des noms. Comme ça. Raynald Leclerc, Jean-Guy Gendron, Alain Caron, Pierre Guité, Robert Guindon, Pierre Roy, Réjean Giroux et Michel Pariseau.

Ça vous dit quoi ? Hein ?

Nous non plus, ça ne nous dit rien. Et pourtant, nous avons là, couchés sur papier et patinant sur la bottine, les noms des pères fondateurs de l’équipe la plus moribonde de l’histoire du Québec d’hier et d’aujourd’hui, tout sport confondu. Les noms des pionniers de la destruction de l’identité nationale qui ont jadis permis à Québec, la ville de, de diviser Québec en deux, la province de, qui en souffre encore aujourd’hui.

Le début avant la fin

Nous sommes en 1972. Jalouse, encore une fois, de sa grande sœur montréalaise, la petite québécoise sent le besoin d’envoyer quelques missionnaires faire semblant de jouer professionnellement au hockey, un sport clairement réservé aux hommes avec pas de soutane, dans une ligue à peine naissante : l’AMH. L’Association Mondiale de Hockey, une ligue dont on se souvient à peine de et qui avait pour but de faire compétition à la grosse, la vraie, la Ligne Nationale.

Mais, c’est bien connu, un rien tout nu comme le Nordiques couplé à un petit peu presque pas habillé comme l’AMH, ça ne fait pas des enfants solides. Pourtant, c’était le pari du beau Marcel Aubut et du distingué Maurice Fillion, les grands dirigeants du Nordiques de l’époque. Or, 237 défaites plus tard, on passe déjà à un autre projet.

La Ligne Nationale

Croyant qu’une telle série de défaites dans l’AMH serait suffisante pour faire figure de proue dans la vraie ligne, les grosses pointures du Nordiques ont la brillante idée d’envoyer leurs protégés en perdre 600 autres dans la (et non LE) Nationale. Nous sommes en 1979. Mais dès ce moment, le beau grand bateau du Nordiques fonça tête première dans le quai du port de Montréal, match après match, année après année. À tel point qu’on finit par se demander si la proue était sado-maso ou simplement chauffée par Jacques Villeneuve.

Pour la suite des choses, eh bien, on la connaît, l’histoire. Le Nordiques se fait battre une dernière fois par une question d’argent et quelques votes ethniques en provenance de Denver, oui monsieur. Nous sommes en 1995 et l’équipe déménage dessous les grosses Rocheuses pour remporter la belle et bonne Stanley Cup. Un an trop tard.

Mais, que laisse-t-il à la survivance, Nordiques, à part le costume poilu d’une mascotte affreuse au nom débile évoquant d’ailleurs très justement les nombreuses chutes de l’équipe ? Que du mauvais. Et un Colisée Pepsi avec de la O’keefe flatte. (D’accord, peut-être nos enfants se souviendront-ils aussi de la moustache drue de Michel Goulet et de son casse lousse ou encore de la coupe de cheveux de Stéphane Fiset, un gardien facile à « snapper sur » et encore plus à côté de.)

Pendant ce temps, nous, à Montréal, gardons en mémoire vive le ménage à trois cerbères de 1986 composé de Steve Penney, Doug Soetaert et Patrick Roy, les cinquante buts de Stéphane Richer dont plusieurs contre Mario Gosselin, les Sudafed de Quintal de même que les moustaches des McPhee, Green et Gingras. Alors que nos vrais souvenirs, eux, garnissent le livre des records de la ligne nationale et tapissent les murs du Temple de la renommée. Un temple qui pourrait d’ailleurs être rebaptisé Temple de la renommée de Canadien tant la liste des exploits du Club est longue et ne cesse de s’allonger…

Vérité, je crie ton nom partout

Malgré tout ce que l’on vient de vous slapshotter dans les yeux, on continue d’entendre résonner régulièrement dans l’actualité cette idée saugrenue visant à faire revivre une équipe professionnelle de hockey sur glace de la vraie ligne nationale dans la vieille capitale. Wow là, comme dirait chose bine, un peu de sérieux, mes amis. Vous ne pouvez pas élire le maire Labeaume ET avoir une équipe de hockey. Faudrait pas exagérer.

Et de toute façon, comment douter de notre argumentaire ? Si tel était le cas, relisez les paragraphes précédents (ça, ça veut dire ceux avant) pour vous en convaincre. Et si, vraiment, votre esprit étroit comme l’Île d’Orléans ou la rue St-Jean ne comprend pas encore le bien fondé de ce plaidoyer, on va vous donner un argument de plus que vous pourrez ensuite répéter. Cet argument, ce sont les chiffres. Car on a des chiffres pour soutenir nos opinions, vous savez.

En fait, on en a un. Et c’est le zéro. 0. Comme le total de championnat du Nordiques dans la Nationale, multiplié par l’absence de choix judicieux de ses propriétaires, divisé par le nombre de partisans de l’équipe et additionné par la quantité de bouteilles de champagne versées dans la Stanley Cup par Nordiques.

Ça nous semble assez convaincant.

Et pour clouer le clou dessus le cercueil, dites vous que de faire renaître une équipe à Québec, ben ça pourrait réveiller Réjean Tremblay qui se sentirait obligé de faire une autre série télévisée là-dessus. Juste pour ça…

Alors dorénavant, quand des gens vous parleront de la possibilité d’un retour du Nordiques, assurez-vous de leur expliquer ce que l’on vient de vous dire. Au pire, passez par Josée Verner, elle saura leur dire en bilingue avec un regard vide fixant l’horizon du passé, en bonus.

Ah oui, en terminant, le but d’Alain Côté, y’était bon. C’est assez dommage quand on y pense. Mais c’est comme ça. Parfois, y faut c’qui faut et justement, c’est à la mesure de ce « c’qui faut » qu’on départage les équipes qui déménagent de celles qui ne déménagent pas et qui permet, légitimement et honorablement, aux villes d’être hockey.

Which is not the case of Québec. Indeed.

Sportnographe.com, en route vers un 25ème championnat…


Note à Guy Bertrand et Marcel Aubut : Prenez donc bonne note au passage que nous n’avons pas une cenne, alors, inutile de nous poursuivre.


Si vous voulez vous impliquer dans l’organisation du non retour du Nordiques, on vous conseille de vous abonner dessus le groupe Facebook contre le retour des Nordiques.