Pour en finir une bonne fois pour toutes avec le Baron

NDLR : Nous permettons ici à Jean Dion de répliquer à un texte fort éclairant du Baron publié la semaine dernière dans lequel il révélait que Sportnographe est contre le retour du Nordiques dans la LNH. Le lecteur assoiffé d’objectivité journalistique aura tout avantage à savoir que Jean Dion a été et est toujours (!) un fier partisan du Nordiques.

Ma maman m’avait prévenu qu’on trouvait des cochonneries sur le Net, et ma naïveté a disparu quand Canadien a remplacé Sam Pollock par Irving Grundman, mais jamais je n’aurais pensé trouver pareil ramassis de saletés que ce supposé réquisitoire — ou plutôt, requis suppositoire — anti-Nordiques du Baron. Il doit être bien fru, le Baron, pour passer ses soirées tout seul dans le sous-sol de banlieue de ses parents à pondre ce genre d’œufs pourris. Il doit ne pas pogner fort avec les filles, fussent-elles partisanes de Canadien, le Baron. Faut dire qu’il n’a pas une aussi belle moustache et un aussi chavirant Longueuil que moi.

Si je ne me retenais pas, je voterais conservateur pour que soit enfin censurée cette voix qui menace l’ordre public. Mais je me retiens, parce que je veux voir Denis Coderre au pouvoir. C’est lui qui va sauver le Canada, d’ailleurs je l’ai dans mon pool plutôt que ce scélérat de Shane Doan.

Cette sortie, qui n’arrive pas à la cheville d’un torchon de secondaire II ni du ligament croisé antérieur d’une chanson de Lynda Lemay, suinte à pleins gaz, dans le sens de, l’aveuglement entêté, la jalousie et la trace de brake dans les combines quand ça rencontre Gord Donnelly dans le coin. Perfide comme une perte de conscience de Jean Hamel quand il fait semblant de n’avoir pas vu venir la percutante gauche de Louis Sleigher. Entourloupé comme le combover de Jacques Lemaire. Visqueux comme la coiffure brillantinée de Kerry Fraser le soir où il refusa le but d’Alain Côté, le but le plus bon de l’Histoire. Promis à l’abandon hâtif comme la carrière de Steve Penney.

Messieurs dames, procédons poing par poing. Ce qu’a d’ailleurs fait Jean Hamel, sauf qu’il s’est arrêté à un.

Aveuglement entêté. Le Baron, à l’instar de quantité innombrable de ses copains beurrés tricolore — Yvan Piquette, Réal Munger, Paul Meilleur-Aucoin, autorisez-vous à vous sentir visés —, connaît une seule chose dans la vie : Canadien. Ben oui, mes grands, 24 coupes Stanley. Bra-vo. En 100 ans, ça veut juste dire que les autres clubs en ont trois fois plus. Mais les autres clubs, on le saura, c’est juste de la chnoute. Demandez au Baron de vous nommer l’ailier droit du quatrième trio du Columbus. Baron ? Mais de Canadien, je suis sûr qu’il peut nommer jusqu’au placier de l’extrémité ouest de la Zone Saputo.

Le Baron devrait pourtant savoir que Canadien n’a jamais été aussi poche que depuis que Nordiques est parti pour Avalanche. Combien de coupes Stanley depuis le départ de Nordiques ? Exactement cela : zé-ro. Nordiques forçait Canadien à se bouger un peu le popotin et à recruter du talent local plutôt que du beu de l’Ouest (aujourd’hui, de l’étrange qui parle même pas français). Après : zzzzzzz. Remarquez, Canadien était pas beaucoup plus fort à l’époque, ou il se faisait ramasser par Nordiques en prolongation du match décisif dans le détail, ou il devait compter sur Patrick Roy, qu’il n’a dû d’aller chercher qu’au fait que Nordiques avaient été charitables en 1984 en le lui laissant et en repêchant Trevor Stienburg, 12 points en carrière, longtemps avant.

Ah oui, et combien il a gagné de coupes Avco, Canadien ? Je vous remercie.
Jalousie. Oui, le Baron est jaloux. S’il n’avait pas eu la couche aux fesses à ce moment, il aurait tellement aimé que Canadien aille chercher les frères Stastny derrière le Rideau de fer. Mais contrairement au Kid de la Grande-Allée qui n’avait pas peur des communistes, le boss de Canadien gérait son salon de quilles. Il est jaloux que Mats Sundin se soit présenté à Québec le sourire fendu jusqu’aux oreilles et qu’il ne veuille pas venir à Montréal. Il est jaloux du fait qu’au moins, avec Nordiques, on n’a pas passé les 13 dernières années à manquer les séries ou à mettre le feu dans la rue quand on y accède par la porte d’en arrière.

Trace de brake. Oui, le Baron est transi de trouille. Il préfère ronronner dans sa division Nord-Est avec ces puissances que sont le Toronto et le Buffalo, avec les chokeux d’Ottawa, plutôt que de voir une équipe fière, vaillante, le fleurdelysé tatoué sur le plexus solaire, qui a offert ses derniers beaux jour au Démon blond, venir le moucher du bout de la 20. Si ça se trouve, le Baron doit faire partie de la clique du Plateau.

Et j’ajouterais : lâcheté. Varger sur quelqu’un qui n’est même plus là pour se défendre, voilà qui est franchement courageux. J’aimerais voir le Baron aller hurler en plein Wachovia Center que le Philadelphie ne devrait pas exister ou que Wachovia n’est pas une maudite bonne compagnie. C’est sûr, dans son délire schizophrène, le Baron se fait accroire que le Philadelphie n’existe pas, comme ça il n’a pas à revivre cet infâme écroulement de Canadien dans le détail l’an passé.

Le hockey, messieurs dames, sortira grand gagnant du retour de Nordiques. Je dis « sortira » parce que ce n’est pas une possibilité mais une certitude. La grande rivalité renaîtra. Les descendants de Peter Stastny et Dale Hunter reviendront marquer des buts en prolongation dans des matchs décisifs au Centre Bell Téléphone pour faire taire les arrogants qui pensent qu’il n’y a que trois couleurs dans la vie. Et la coupe Stanley défilera sur l’autoroute Dufferin, et on obligera le Baron à s’y rendre à pied et à s’excuser. Souhaitons-lui que Canadien ne soit pas mort d’ici là, étouffé par la hargne incendiaire de ses supporters déments et fanatiques.

Non mais ça va faire le niaisage.