Ne votez pas pour Russell

Un autre sport que le seul vrai invite présentement ses amateurs à faire l’élection de joueurs en vue de leur participation à la toute étoile partie. De la vraie démocratie, vous en conviendrez. Ici, au Sportnographe, on aurait préféré une course à la chefferie du PQ entre Pauline et un nobody qui se serait présenté à la dernière minute question de faire chier le couronnement, mais bon, ça ne s’est pas produit.

A contrario, certains diront plutôt que le monde du sport professionnel nous berce d’illusions politiques depuis quelques années avec des simulacres de référendums populaires aux allures de ceux que tiennent les académies de la chanson et auxquels vous pouvez participer en échange de 4 trente sous par appel. À cela, nous répondrons qu’on fait pareil à l’occasion, cote de lecture oblige.

Donc, disions-nous, de la vraie démocratie.

Ceci dit, la situation actuelle se veut inquiétante et personne, à part nous, ne semble avoir décelé le problème. Pourtant, l’heure est grave.

Par la présente, nous nous avouons pantois, à tout le moins interloqué devant l’initiative de RDS d’inviter l’audimat à voter pour Russell Martin dans le dit processus référendaire afin de parvenir à le dépêcher vers la toute étoile partie. Cela pour quelques raisons.

D’une part, RDS se commet dans la subjectivité journalistique en faisant du receveur Russell Martin l’élu de son cœur. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec rappelle pourtant, à juste titre, que les médias et les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de leur opinion personnelle de l’information factuelle, cela afin de ne pas engendrer de confusion dans le public (article 3d du Guide de déontologie de la FPJQ).

D’autre part, le gars, eh bien, il est Québécois. Déjà qu’il est millionnaire le monsieur, qu’il soit Québécois en plus ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Argent, vote ethnique ? Du coup, RDS s’autoproclame chauvine et nationale-ethnique. Personnellement, et mes collègues seront d’accord, jamais, nous avons bien écrit jamais, nous nous associerons et accepterons que la population de la province de Québec puisse s’adjoindre à une pareille démarche qui rappelle rien de moins que le nazisme et les camps de concentration.

D’une part quelconque maintenant, « Russell Martin » n’est même pas un nom francophone, tout comme Bob Hartley, mais Hartley n’est pas Québécois, ce qui justifie (mettons) qu’il parle français de manière aléatoire, comme Denis Potvin. À quoi bon, alors, vouloir le dépêcher à la toute étoile partie en vertu d’une démarche paradoxale sur le plan de la dialectique identitaire, Russell Martin (prononcer Raw Soul Mark Ten) n’étant visiblement pas un VRAI Québécois. La preuve ultime ? Il vient de Chelsea, ville à consonance anglo. Et n’a-t-il pas le teint basané par-dessus le marché ?

Ce n’est certainement pas l’envie qui manque d’y aller en guise de conclusion d’une pétition contre RDS et son initiative de faire voter la plèbe en faveur de Russell Martin. Ceci dit, afin de respecter l’article 3d du Guide de déontologie de la FPJQ, nous préférons laisser aux amateurs de sports la liberté de se forger leur propre opinion. Et vous, qu’en pensez-vous ?