Canadien me fait penser à l’art contemporain

Crédit photo : AP/The Canadian Press, Paul Chiasson
Crédit photo : AP/The Canadian Press, Paul Chiasson

Récemment, sur les ondes de l’émission Voir à Télé-Québec, une émission payée avec vos taxes, Réjean Tremblay a montré à tous que dans ses poches, y’a peut-être beaucoup d’argent, mais que sa langue, elle, ne s’y trouve pas. En effet, l’auteur à succès a dit tout haut ce que le fan de Canadien pense tout bas, soit que Canadien et les Nazis, dans le fond, ben c’est la même affaire. Et entre les lignes, on a tous bien pigé ce que Réjean voulait affirmer mais que la gêne a finalement freiné, c’est que Robert Gainey lui fait penser à Adolf Hitler.

Ici, au Sportnographe, nous ne sommes pas des auteurs à succès, mais des intellectuels. Moi, en tout cas. Et un intellectuel, ça aime l’art. Alors, dans notre rétroviseur socio-historique, Canadien nous fait davantage penser à l’art contemporain qu’à un moustachu un peu laid. « Paul, l’art contemporain, c’est genre une toile de 12 pieds par 12 pieds peinte en bleue et qu’on vend 1 500 000 $ sous prétexte que c’est novateur, hein? »

Oui, mais c’est aussi des sculptures en forme de n’importe quoi, des photographies de 2500 personnes nues couchées sur des boulevards importants et des machines à caca. « Euh, Paul, dis-moi que tu blagues et que cette histoire de machines à caca n’est en fait qu’une chose qui n’existe pas, une chose que ton imaginaire a inventé pour les fins de cette chronique sur Canadien et le parallèle entre lui et l’art contemporain? » Bon, tu devrais apprendre à faire des phrases plus courtes, mais cela dit, c’est bien vrai cette histoire de machine à caca.

En fait, c’est le Belge Wim Delvoye, sans doute encore emberlificoté dans sa phase anale, qui a eu l’idée en 2000 de créer une installation nommée Cloaca, dite machine à caca, qui est en quelque sorte un laboratoire scientifique qui vise à reproduire le processus de la digestion. L’idée est simple : on y fait entrer des aliments et en bout de chaîne, ce qui sort, ben c’est du caca. C’est pas moi qui le dit, c’est Wikipédia. D’ailleurs, si tu avais été un peu curieux ou un gauchiste aux cheveux longs qui se caresse en lisant Sartre, tu aurais peut-être eu la chance de tomber sur l’installation en te promenant dans l’UQAM en janvier 2009 alors que tu séchais un cours car, oui, la machine est venue faire son tour à Montréal.

« Mais dis-moi, Paul, le rapport avec Canadien dans tout ça, quel est-il? » Eh bien, j’oserais dire qu’il est dichotomique. Mon collègue Réal Munger, au Sportnographe, trouve que la machine à caca lui fait penser à Canadien dans la mesure où peu importe les aliments que tu entres dans l’alignement, ben c’est toujours des excréments qui sortent au bout. Quant à moi, je crois qu’on accorde beaucoup trop d’importance à l’art contemporain, comme à Canadien d’ailleurs, que cela ressemble à une coquille vide et que les adeptes de cette forme d’art souffrent de maladie mentale.

« Dans le fond, toi et Munger dites la même chose? » Oui, mais pas dans les mêmes mots. C’est là que réside la différence entre l’intellectuel et le gars du peuple.

On reconnecte un moment donné.